©Franquin / Idées Noires
« La poésie ne
Dit rien la musique non plus mais beaucoup mieux »
« Un ami
Vient dans mon silence nous guettons les nuages »
« Vérité
De chrysanthème on marche sur des couches de morts »
« Les montres
Chez les enfants n’ont d’aiguille que pour la seconde »
« Miroirs
Où les mouches ont mis des patins à glace »
« Sur le verre
Vide de l’horizon le rouge à lèvres du soleil »
« La mort
Est la tentative de reprendre un souffle plus ancien »
« Boutique
Du vieil herboriste où la poussière sent la sacristie »
« Le lit
À défaire est plus froid que l’unique assiette à table »
« Accepter
Le pire c’est rendre hommage à la légèreté d’être »
« Elle a dit
Oui simplement avec la jambe elle a dit oui on peut »
« Entendre
Au téléphone le parfum de ta peau dans la sonnerie »
« Naître
C’est naviguer d’abord dans le roulis d’une femme »
« Dessin
À la craie sur le trottoir seule la pluie jette des sous »
« Beckett
Son génie de cacher le néant sous le tapis des mots »
« Je viens
D’apprendre la flûte pour te dire que tu me manques »
« Qui
Ne rêve pas qu’une nuit la lune ne lui donne le sein »
« Cigales
Qu’on ne voit pas plus que l’on n’entend les étoiles »
« En maillot
De bain mon ventre rond mais l’eau ferme les yeux »
« Accoudé
Au zinc il y a celui qui fait la traversée en solitaire »
« A l’hôpital
Les revues en tas où la beauté des corps est parfaite »
« Il parle
De la guerre et se brûle la barbe en allumant sa pipe »
« Constatons
Que le pénis dressé fait rarement montre d’humour »
« La déprime
Comme si on recomptait les petits pois dans la boîte »
©Texte : Werner Lambersy – A l’ombre du bonsaï [Editions L’âne qui butine // 2013]