Une échelle de feu pour grimper dans la lune
Une étoile en papier pour rire de la nuit
Une couronne de fou pour chanter dans le vent
Un grand avion doré pour aller jusqu’en Chine
Un masque de héros pour plaire à mon neveu
Un pull-over de star pour séduire ma cousine
Un cri du cœur pour être aimé des Dieux
Un miroir-à-péchés pour contempler mes crimes
Un couteau bien affilé pour égorger mes remords
Un coffre-fort à âme pour le jour du jugement
Une nuit d’amour pour oublier mon amour
Un tiroir secret pour cacher ma peine
Et pour croire au bonheur un oiseau de décembre
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COMPLAINTE DES TEMPS PAS GAIS
Il y avait dans la cave
Trois bouteilles de champagne
On déboucha la première
Quand papa revint de guerre
Pour la tante d’Angoulême
On déboucha la deuxième
Et pour la communion
De ma sœur qu’en était fière
On déboucha la troisième
Dans la cave il n’y a plus
Que de l’eau quand il a plu
La vie a tout emporté
Tout saccagé tout brisé
Il ne reste que le vent
Le vent qui souffle en tempête
Sur les choses et les gens
Vent des jours et vent de fêtes
Agitant aux trous béants
De la cave et du grenier
Les toiles des araignées
Notre tante d’Angoulême
Est morte sans héritiers
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Un avion ronge le ciel
En perforant mon silence
Le néon brûle son rêve
Aux fenêtres de mes nuits
Il faut rire avec son temps
Si ce n’est pas le bonheur
Qu’on cherche à cent dix à l’heure
C’est l’oubli du cimetière
Je déjeune au frigidaire
Je m’habille à la radio
Et quand je ne sais plus vivre
Je m’en vais au cinéma
Regarder s’épanouir
Les sabelles les protules
Et les pédicellina